Choisir sa prochaine vie

Choisir sa prochaine vie

Par Raymond Rakower.

Résumé : Il est facile de retrouver quelques-unes de nos vies passées, les librairies ne manquent pas d’ouvrages à ce sujet, de modes d’emploi.

Cet article-ci s’en distingue par le fait qu’il propose un mode d’emploi pour orienter, quasiment choisir notre prochaine incarnation. En effet, nos vies passées sont passées, on ne peut rien y changer. Ce qui pourrait sembler plus constructif, c’est de pouvoir orienter nos incarnations futures vers une forme de vie qui nous attire, qui corresponde à notre personnalité globale, à notre âme, à notre aura, au véritable nous-mêmes, au lieu de subir passivement le destin du prochain havre de notre personnalité. C’est au paragraphe 4 ci-dessous qu’on y lira un moyen d’y parvenir.

SOMMAIRE :

1-RÉINCARNATION

2-DÉSINCARNATION

3-VOYAGES EN GROUPE

4-NOS VIES FUTURES

1 – RÉINCARNATION

Les trois approches qui viennent à l’esprit, à propos de la réincarnation, sont :

1 – Vous n'y croyez pas. Dans ce cas, inutile de lire la suite, ce serait une perte de temps.

2 – Notre vraie personnalité, immortelle, notre âme en somme, n'est pas rattachée à nos ancêtres génétiques, mais nos vies antérieures étaient celles d’humains (ou d’autres formes du monde du vivant) au hasard des affinités transcendantales, ou d’êtres prédestinés par le jeu d’une puissance qui dépasse notre entendement (et s’amuse peut-être à nos dépens), êtres physiquement décédés à un moment quelconque avant notre naissance.

3 – Notre âme est en transit au travers de différentes vies, évoluant en fonction des mérites acquis dans chacune d’elle vers un destin supérieur, dit-on. Vrai ou faux, quel est le critère de ces mérites, qui établit la règle du jeu, de quoi est fait ce destin supérieur, sont des questions qui dépassent le cadre de cet article et surtout les compétences de l’auteur de ces lignes.

            Supposons que nous voilà réincarnés dans notre corps actuel. Parfois un peu mal à l’aise, souvent coincés dans une personnalité dotée d’un programme défini en partie par les règles de la loterie génétique, de l’éducation tendre et attentive (?) de nos parents, frères, sœurs, éducateurs de tous poils qui nous ont fait subir leurs bonnes intentions, leurs traumatismes et complexes inconscients, leurs espoirs déçus, et enfin des événements sociaux et politiques de l’endroit où nous sommes.   

            Ici, essayons de rester ensemble : le « moi » de notre corps (et de notre cerveau avec son psychisme un peu tordu) et le « moi » de notre âme, ou plutôt de notre esprit, la vraie personnalité, sont différents. En effet, si ce n'était pas le cas, adieu notre immortalité ! Or vous avez bien envie que quelque chose de vous subsiste après votre mort, non ? Sinon toute votre vie, ainsi que celles de ceux que vous avez aimés, n’aurait été qu’une brève comédie, pas toujours drôle, d’ailleurs. Et parfaitement inutile. Pardon, négative en fait, eu égard à la pollution  que chacun de nous cause à notre belle Planète. Or donc, nous avons une âme, vous avez une âme. C'est bien gentil, encore faut-il la saisir, la sentir, l’appréhender. Ce n’est pas évident, et ici, je n’ai pas l'intention d’y aller de mon couplet sur l’Acte de Foi qu’offrent certaines religions. Nous allons ensemble essayer de la trouver, notre fameuse âme. Mais avant de démarrer la recherche, permettez que j’évoque un danger.

Des ermites, des fakirs, des croyants cloîtrés sont parfois arrivés à la transcendance, à émerger par dessus les nuages d’ici-bas, sur la plaine illuminée où l’on se sent si bien, où nos mille maux sont restés en arrière, où le temps et l’espace ont un parfum enivrant d’être restés là, tout en bas. Le danger que j’ose évoquer, presqu’un blasphème dans cet univers paisible, consiste à vouloir écarter, oublier même, nos devoirs quotidiens envers nos proches, la famille, l’entreprise, la boutique, l’école ou n’importe quelle obligation qui nous appelle tous les matins pour suivre le texte de notre scénario. Ce devoir-là est prioritaire ! Sans le respect de l’accomplissement de l’activité quotidienne, le reste n’est que vanité.

            Après avoir trouvé notre âme, à la fin de cet exercice, encore faut-il accepter de réintégrer notre personnalité de transit, notre corps actuel dans son environnement. Le monastère, le couvent ne sont pas pour nous. Il faut savoir redescendre. Mais consolez-vous : la conquête de l’immortalité en valait la peine. D’abord la vie au quotidien devient beaucoup plus facile, et nous nous découvrons tout-à-coup des qualités de tolérance, de patience, de modestie, qui nous faisaient si amèrement défaut. De savoir que cette vie au quotidien, dont nous devons respecter l’accomplissement, a finalement peu d’importance nous rend plus sociables, et aussi plus entreprenants, plus dynamiques. On a beaucoup moins peur de rater ce qu’on entreprend : l’humiliation de la défaite ne sera désormais plus cuisante, nous saurons désormais que le fait d’essayer sans cesse est au moins aussi important que la réussite. Ensuite, après deux ou trois « ascensions », il nous sera désormais plus aisé de retrouver la sérénité, de réintégrer notre corps actuel pendant quelques instants, le temps de sentir que ce n’était pas un rêve.

            La différence avec un trip ou la contemplation bouddhiste ? La découverte de ce qui fait notre personnalité éternelle individuelle, avec ses traits de « caractère » propres.

            Oui, notre personnalité éternelle est forcément très différente de celle des autres, ou sinon on pourrait parler d’une âme collective dans laquelle nous nous fondrions après la mort, hypothèse évoquée par Carl Gustav Jung. Ce qui impliquerait le contraire de l’individu, et l’absence d'une âme de notre vivant, donc l’impossibilité de sentir notre personnalité actuelle. Si c’était le cas, la lecture de ces quelques pages et l’effort de réflexion qui en découle seraient inutiles. On ne peut pas être à la fois une parcelle d’un dieu et vivre en ce monde matériel. Sauf les messies et dieux incarnés. Mais ces quelques mots n’ont pas l’impudence de s’adresser à Eux.

            Après en avoir évoqué les risques, nous pouvons commencer les exercices d’assouplissement préparatoires à la vision de  notre âme.

2 – DÉSINCARNATION

            Par désincarnation, j’entends la faculté de ne plus sentir notre corps, qui comprend le cerveau et toute son activité psychique, l’ensemble du système nerveux, nos ganglions lymphatiques ainsi que notre système endocrinien, nos autres organes, tout le métabolisme basal. De pouvoir s’en échapper pendant quelques instants, tout en restant conscient est le but de cet exercice dans une première étape. Le but provisoire est de garder cette conscience qui nous permettra d’appréhender notre atome d’individu éternel, et surtout d’en ramener un souvenir, diffus au début, puis de plus en plus net, au fur et à mesure que nous répéterons cet exercice.

            La méthode la plus aisée pour y parvenir est très semblable à celles utilisées dans des  domaines tels que la recherche de nos vies antérieures, l’autosuggestion, la relaxation, la méditation.

            Parmi les livres parus sur le thème de retrouver nos vies antérieures, et qui donnent de bonnes méthodes pour plonger dans nos inconscients, donc qui rendent une recherche de ce type théoriquement possible, je citerai entre autres « Retrouvez vous-même vos vies antérieures » par Bernard Raquin, édité par L’Age du Verseau (New Age), © Belfond et l’Age du Verseau 1990.

 Relaxation physique totale, confortable, pénombre ou obscurité, léger fond sonore harmonieux, berceur et répétitif, la respiration et surtout l’expiration dite abdominale contrôlées, lentes, régulières et approfondies ; l’attention effleurant tout le corps en démarrant par les orteils, et lentement en remontant un grand nombre de muscles du corps jusqu’au cuir chevelu. On prend conscience de chaque muscle, y compris le cœur, on lui « ordonne » de pulser avec régularité, on essaie d’en sentir la relaxation, et on se berce de chacune de ces détentes. N’oublions pas de choisir une image dépourvue de souvenirs, neutre, tel un vase, un bouquet de fleurs, une plage sous des palmiers… Il faut voir cette image, les paupières closes, la fixer. Il est bon de l’imaginer un peu au dessus de l’horizontale.

            Néanmoins il y a ici une différence essentielle de méthode par rapport à la méthode classique : il faut se fixer l’objectif de s’affranchir du corps, et donc on recommence l’exercice de relaxation des pieds à la tête plusieurs fois de suite, en essayant à chaque fois de rendre sa progression moins réfléchie, moins consciente, moins ordonnée par la volonté, plus automatique, jusqu’à ce que cet exercice se produise de façon rythmée, quasi involontaire. Laissons notre corps s’ordonner à lui-même de faire et refaire l’exercice de détente-respiration d’une extrémité à l’autre, en essayant de laisser totalement flotter la volonté, de faire le vide dans notre esprit. Il faut toujours un certain nombre de séances avant d’y arriver. Sachons d’avance que le but ne sera atteint qu’après plusieurs séances, en fait quand on commence à se poser la question si l’on y arrivera un jour. Ici, deux remarques : d’une part, cet exercice n’est pas du temps perdu, loin de là, et le nombre de séances préparatoires n’a aucune importance. Notre corps de transit, notre moi physique et psychique actuel profite grandement de cet exercice. D’autre part, il est important d’apprendre la patience et la ténacité, et il est essentiel de s’accrocher à un objectif sans se laisser troubler par les obstacles, les insuccès passagers. Quand nous nous sommes clairement assigné un objectif, l’obstination devient une vertu majeure. Une insomnie, un réveil nocturne sont des occasions de choix.

            Comment reconnaître le succès, identifier le passage à notre moi permanent ? En effet, souvent  on ne se rend pas compte au début qu’on a réussi ! Car après la perte de conscience passagère, l’impression que l’horloge a sauté quelques minutes, la victoire n’est pas tout de suite identifiée. Un moyen sûr de reconnaître qu’on a réussi de passer d’une personnalité à l’autre est l’impression que la vitesse d’écoulement du temps a changé. Quelques secondes ou quelques minutes se sont écoulées dans le monde matériel, alors que nous avons vécu une longue période, pleine d’enseignements dans l’espace irréel de notre moi immatériel. Nous revenons quelques instants plus tard, après ce qui nous a semblé une longue absence.

3 – VOYAGE EN GROUPE

            J’ignore l’explication du renforcement étonnant, prononcé même, des réussites lorsqu’on entreprend les séances de désincarnation à plusieurs personnes. Qu’on se connaisse ou non n’a pas d’importance. Ce qui est étonnant, par contre, c’est que certaines personnes, grâce à leur simple présence, catalysent, amplifient, renforcent nos efforts, peu importe que ces personnes débutent ou soient des « voyageurs » expérimentés. Peut-être cela démontre-t-il que nos personnalités immanentes ont de grandes différences entre elles, et sans rapport avec celles de nos personnalités actuelles. Un être fruste peut avoir une âme riche. Certaines personnes, peu importe leur rang social, leur santé, leur âge, radient une énergie lénifiante, donnent confiance, accélèrent l’envol.

            Un conseil, néanmoins : ne jamais entreprendre de voyage en groupe avant d’avoir effectué plusieurs fois l’exercice en solo, avant de l’avoir transformé en une routine familière.

4 – NOS VIES FUTURES

            J'ai l’intime conviction que par symétrie, par équilibre, le fait d’enrichir notre personnalité temporaire matérielle grâce à ces commutations de notre conscience entre notre corps et notre âme permet d’espérer la réciproque : notre âme ne peut que s’épanouir du contact que nous aurons établi ; elle doit probablement bénéficier des fruits de notre passage éphémère dans ce monde. Dans la mesure où notre personnalité actuelle s’assagit et mûrit aux contacts répétés avec notre âme, cette dernière pourrait peut-être transporter avec elle un peu de nos erreurs et de nos souffrances de ce monde vers l’être futur dans lequel elle se réincarnera. Peut-être même la compassion, la modestie, le respect de la vie et le courage que nous nous efforçons d’acquérir dans cette existence resteront en partie acquis dans notre prochaine vie. Que nous ne recommencions pas sans cesse notre errance et nos faiblesses !

            Bon voyage, ou plutôt, bons voyages, vous en sortirez enrichis spirituellement, et vos proches vous en sauront gré.